Régime autoentrepreneur en professions libérales vs régime réel : 3 simulations pour 2025 et 2026

Fiche pratique
Cotisations TNS

Un décret paru en mai 2024 augmente le taux de cotisations sociales sur 3 ans pour les professions libérales exerçant sous le statut autoentrepreneur. Selon les situations, le régime réel (entreprise individuelle classique) peut apparaître plus favorable.

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Hausse du taux sur 3 ans

Pour démarrer une nouvelle activité simplement, le statut microentrepreneur est souvent la solution la plus simple et économique. La création est simplifiée, la comptabilité est ultra-simplifiée et bien souvent il n’y a pas besoin d’avoir de comptable. Les cotisations sociales et l'impôt sur le revenu sont également attrayants et calculés en fonction du chiffre d’affaires réellement effectué.

Le décret n°2024-484 du 30 mai 2024 augmente toutefois le taux de cotisations progressivement :

  • 21,1% jusqu’au 30 juin 2024
  • 23,1% entre le 1er juillet et le décembre 2024
  • 24,6% en 2025
  • 26,1% à compter du 1er janvier 2026.

Cas n°1 – chiffre d’affaires de 35.000 €

Prenons l’exemple d’un consultant célibataire en début d’activité réalisant 350 € de chiffre d’affaires par jour pour 10 jours d’activité par mois sur 10 mois, soit un chiffre d’affaires de 35.000 €. Ce consultant ne peut bénéficier du dispositif Acre.

En retirant approximativement 20% de charges pour tenir compte des frais de déplacement (indemnités kilométriques, frais de repas, hôtel), on retient 7.000 € de charges. Pour ce niveau de revenu, l’indépendant peut encore bénéficier du prélèvement libératoire de l’impôt sur le revenu, au taux de 2,2% du chiffre d’affaires. Pour rappel, cette option, souvent plus favorable que le barème progressif, est possible pour l’imposition des revenus 2024 lorsque le revenu fiscal de référence en 2022 n’excède pas 27.478 €.

Les seuils de barème d’impôt sur le revenu et de plafond annuel de sécurité sociale seront revalorisés en 2025 et 2026. Par simplification, pour les prévisions, nous avons retenu une stabilité de ces barèmes.

Pour rappel en régime réel, l’impôt sur le revenu et les cotisations sociales sont calculés sur la base du bénéfice comptable.

 

COMPARAISONS 2025

 

COMPARAISONS 2026

STATUT ÉTUDIÉ

Régime micro

Entreprise individuelle à l'IR

 

Régime micro

Entreprise individuelle à l'IR

Chiffre d'affaires

35 000

35 000

 

35 000

35 000

(-) Charges (hors rémunération et cotisations sociales du dirigeant)

-7 000

-7 000

 

-7 000

-7 000

Bénéfice avant rémunérations et cotisations sociales

28 000

28 000

 

28 000

28 000

Cotisations sociales du dirigeant

-8 680

-7 445

 

-9 205

-7 445

Bénéfice comptable

19 320

20 555

 

18 795

20 555

(-) cotisations non déductibles à la charge du dirigeant (entreprise à l'IR : CSG non déductible et CRDS)

688

 

688

 

Impôt sur le revenu lié à l'activité

770

1 019

 

770

1 019

Revenu net pour le dirigeant =
Bénéfice comptable
- IR relatif à l'activité - CSG non déductible et CRDS

18 550

18 849

 

18 025

18 849

Dans cette situation, le régime réel semble légèrement plus favorable que celui du régime micro. Le gain est en effet supérieur de 299 € en 2025 (soit 18.849 – 18.550) et 824 € en 2026. L’économie d’impôt en régime micro est plus que compensée par des cotisations sociales plus élevées dans ce contexte.

Toutefois, l’étude ne prend pas en compte le surcoût lié à la tenue de la comptabilité, obligatoire en régime réel. En outre, sous le statut micro, l’indépendant se situe en dessous du seuil de la franchise en base (36.800 €) et peut donc opter pour l’exonération de TVA. Cette situation peut présenter un avantage si sa cible ne peut récupérer la TVA (clientèle de particuliers par exemple). Pour ces raisons, le maintien du statut micro pour ces niveaux de chiffre d’affaires semble préférable.

Cas n°2 – chiffre d’affaires de 54.000 €

Prenons désormais le cas où ce consultant a une activité plus importante avec en moyenne 12 jours d’activités par mois rémunérés 450 € par jour sur 10 mois, soit un chiffre d’affaires de 54.000 €.

En retirant approximativement 20% de charges pour tenir compte des frais de déplacement (indemnités kilométriques, frais de repas, hôtel), on retient 10.800 € de charges.

Pour ce niveau de revenus, on estime que le dirigeant dépasse les seuils permettant de bénéficier du prélèvement libératoire. L’administration fiscale retient ainsi un impôt calculé en fonction du barème progressif sur la base d’un bénéfice forfaitaire égal au chiffre d’affaires moins un abattement de 34%.

   

COMPARAISONS 2025

 

COMPARAISONS 2026

STATUT ÉTUDIÉ

 

Régime micro

Entreprise individuelle à l'IR

 

Régime micro

Entreprise individuelle à l'IR

Chiffre d'affaires

 

54 000

54 000

 

54 000

54 000

(-) Charges (hors rémunération et cotisations sociales du dirigeant)

 

-10 800

-10 800

 

-10 800

-10 800

Bénéfice avant rémunérations et cotisations sociales

 

43 200

43 200

 

43 200

43 200

Cotisations sociales du dirigeant

 

-13 392

-12 043

 

-14 202

-12 043

Bénéfice comptable

 

29 808

31 157

 

28 998

31 157

(-) cotisations non déductibles à la charge du dirigeant (entreprise à l'IR : CSG non déductible et CRDS)

 

999

 

999

   

Impôt sur le revenu lié à l'activité

 

3 978

2 633

 

3 978

2 633

Revenu net pour le dirigeant =
Bénéfice comptable
- IR relatif à l'activité - CSG non déductible et CRDS

 

25 830

27 526

 

25 020

27 526

Dans cette situation, le gain est clairement plus avantageux pour l’entreprise individuelle classique (BNC réel), avec un revenu de 27.526 € en 2025 contre 25.830 € pour le régime micro. L’écart est ainsi de 1.695 € en 2025 et même de 2.505 € en 2026 compte tenu de la hausse des cotisations sociales en régime micro.

Cas n°3 – chiffre d’affaires de 71.500 €

Dans cette dernière situation, on part d’un chiffre d’affaires élevé, 71.500 € proche du plafond permettant d’exercer sous le statut de microentrepreneur. Pour rappel, ce seuil s’élève à 77.700 € pour les activités de prestations de services entre 2023 et 2025. À nouveau, on considère que l’indépendant n’est pas éligible au prélèvement forfaitaire libératoire de l’impôt sur le revenu sous le régime micro.

 

COMPARAISONS 2025

 

COMPARAISONS 2026

STATUT ÉTUDIÉ

Régime micro

Entreprise individuelle à l'IR

 

Régime micro

Entreprise individuelle à l'IR

Chiffre d'affaires

71 500

71 500

 

71 500

71 500

(-) Charges (hors rémunération et cotisations sociales du dirigeant)

-14 300

-14 300

 

-14 300

-14 300

Bénéfice avant rémunérations et cotisations sociales

57 200

57 200

 

57 200

57 200

Cotisations sociales du dirigeant

-17 732

-16 272

 

-18 805

-16 272

Bénéfice comptable

39 468

40 928

 

38 396

40 928

(-) cotisations non déductibles à la charge du dirigeant (entreprise à l'IR : CSG non déductible et CRDS)

1 285

 

1 285

 

Impôt sur le revenu lié à l'activité

7 443

5 564

 

7 443

5 564

Revenu net pour le dirigeant =
Bénéfice comptable
- IR relatif à l'activité - CSG non déductible et CRDS

32 025

34 079

 

30 953

34 079

Pour ce seuil chiffre d’affaires et de charges, le statut du régime réel est plus intéressant. Le revenu dégagé en 2025 y est plus élevé que le régime micro à hauteur de 2.054 € et même de 3.126 € en 2026.